Curating Against The Grain : Frontiers, Scripted Spaces And Groundlessness

Mardi 10 mai 2016 – 19h00

Curating Against The Grain : Frontiers, Scripted Spaces and Groundlessness

Anselm Franke (Berlin) en conversation avec le séminaire Research Practice

HEAD, Boulevard Helvétique 9, 1205 Genève, salle de séminaire CCC, 2e étage, salle 27

Harun Farocki, Parallel I-IV, installation vidéo, 2012-2014. Still de Parallel II, vidéo HD, 8min, 2014. Crédit photo : Harun Farocki Filmproduktion.
Harun Farocki, Parallel I-IV, installation vidéo, 2012-2014. Still de Parallel II, vidéo HD, 8min, 2014. Crédit photo : Harun Farocki Filmproduktion.

« Un récent article du New York Times a réuni plusieurs histoires de personnes égarées par leur GPS, notamment un couple qui a « chuté d’un pont dans l’Indiana » l’an passé après avoir ignoré les panneaux « Route Barrée ». Dans la Vallée de la Mort, les cas de conducteurs disparus sur des routes abandonnées ont pris une telle ampleur que les gardiens du parc ont baptisé le phénomène « mort par GPS ». Dans chacun de ces cas, le GPS s’est montré tellement insistant que les conducteurs ont abandonné tout doute. La carte a pris le dessus sur le territoire ; elle n’est plus la mesure fidèle du monde, plutôt le contraire : une réalité imparfaite est mesurée par les standards d’une carte que l’on pense être toujours plus « parfaite ». La moindre erreur d’un GPS ne bousculerait-elle d’ailleurs pas l’ordre du cosmos et le mouvement des planètes (ou des satellites) ?

Dans cette conférence, je présenterai une série de projets curatoriaux menés depuis 2010. Ces projets ont tous cherché, de diverses façons, à questionner les formes de connaissance et de vision positivistes, leur histoire en relation à la création d’expositions, et leur résurgence sous la forme d’un nouveau positivisme des données (data-positivism). Je parlerai d’une méthodologie curatoriale basée sur une recherche approfondie, qui souhaite transformer l’exposition en un espace de (dé-)cartographie cognitive et appliquer une vision binoculaire sur l’esthétique entre le pouvoir et la technologie. Comment l’exposition peut-elle, en tant que médium, dés-ancrer le savoir et les certitudes épistémologiques ? Comment un espace aussi contrôlé et formaté que celui de l’exposition peut-il questionner l’impromptu et le non-structuré ? L’art offre-t-il peut-être des manières d’échapper à un espace formaté ou à un schéma cognitif, induisant en retour une crise cognitive, l’expérience d’une perte de fondement ontologique ? »