Lundi 22 février 2016, 19h
La violence à la limite du détectable
(Violence at the threshold of detectability)
Avec Eyal Weizman
Conférence dans le cadre du POOL-CH / Master Platform Switzerland
HEAD, Boulevard Helvétique 9, 1205 Genève, salle de séminaire CCC, 2ème étage, salle 27
« Lorsqu’un objet photographié atteint la capacité maximale de captation du négatif, il se trouve dans une condition que nous pouvons décrire comme la frontière de la détectabilité. Dans cette condition, la matérialité de l’objet représenté (par exemple le toit/le trou réels) et la matérialité de la surface qui le représente (la surface du négatif/les grains de sels d’argent) doivent être considérés tous deux comme présence et comme représentation. Chaque surface doit être analysée à la fois en tant qu’image et en tant que réalité matérielle. (…) La résolution en pixels n’est pas seulement le résultat technique d’optiques et de volumes de stockage de données, mais un « Modulor » conçu selon les dimensions du corps humain. Au contraire d’autres Modulors architecturaux (notamment celui du Corbusier), celui-ci n’a pas été conçu pour aider à organiser l’espace, mais plutôt pour effacer la figure humaine des photographies. La résolution 50 cm/pixel est pratique, car elle permet de contourner les risques d’atteinte à la sphère privée lorsque des inconnus sont photographiés dans l’espace public, de la même façon que Google Street View floute les visages ou les plaques minéralogiques. Mais cette régulation découle aussi d’une logique de sécurité : ce ne sont pas seulement les détails importants des sites stratégiques qui sont camouflés dans la résolution 50 cm/pixel, mais aussi les conséquences de la violence et des violations. »