Pratiques situées

Mardi 10 novembre 2015, 10h-19h

Pratiques Situées (Situated Practices)

Présentations de Marion von Osten (Berlin), Anne-Julie Raccoursier (Genève) et Grant Watson (Londres). Commentaire de Yann Chateigné (Genève).

HEAD, Boulevard Helvétique 9, 1205 Genève, salle de séminaire CCC, 2e étage, salle 27

Genève, octobre 2015. Image: Eric Philippoz.
Genève, octobre 2015. Image: Eric Philippoz.

Quand devient-il nécessaire de faire une différence entre la position de l’artiste et celle du curateur, du commissaire d’exposition, du théoricien, de l’activiste, de l’universitaire ou de l’éducateur? Pour qui? Et pourquoi? Et si ces activités se mêlaient aux pratiques research-based qui utilisent des moyens transdisciplinaires pour activer des savoirs situés, pour proposer des processus d’apprentissage qui transcendent les situations géo-spatiales, pour re-penser les formes de subjectivation et questionner les catégories normatives dans l’art contemporain? Au final, comment cette discussion résonne-t-elle avec les économies de l’éducation au sein d’une école d’art conditionnée par des impératifs institutionnels? Les présentations de Marion von Osten, Anne-Julie Raccoursier et Grant Watson, ainsi que les commentaires de Yann Chateigné, examineront ces questions.

Marion von Osten élaborera sa présentation Disobedience in the division of Art Labor du point de vue d’une commissaire d’exposition et artiste, qui tente de mettre un frein aux rôles normatifs dans le secteur de la culture, dans le but de déranger la division asymétrique et institutionnalisée du travail dans le champ étendu de l’Art Contemporain. Au travers de project exhibitions (« expositions-projets »), elle aborde l’exposition comme « un médium critique à part entière, qui permet d’intervenir dans les discours hégémoniques sur l’économie, le genre et le règne de la mobilité […], une zone transitoire […], un amplificateur pour les politiques d’anticipation qui matérialisent la création d’une nouvelle pensée et dont les résultats sont imprévisibles et en devenir, qui utilisent des moyens sociaux et technologiques pour créer des domaines discursifs et sociaux alternatifs qui dépassent l’héritage moderniste de la subjectivité (des artistes/théoriciens) ».

Anne-Julie Raccoursier se penchera sur les moyens dont elle a besoin, en tant qu’artiste, pour réaliser l’observation analytique des comportements sociaux influencés par les structures du pouvoir. Sa présentation se basera sur ses vidéos, installations et montages qui adressent la difficulté du sujet en perpétuel devenir, un sujet qui s’efforce d’apprendre, de comprendre, d’adopter, d’habiter, de différentier, de jouer et de refuser au quotidien les impératifs visuels qui sont la condition de son appartenance à une communauté, un groupe ou une citoyenneté. Sa présentation questionnera la responsabilité de l’artiste et les moyens dont il/elle dispose dans la société, en écho au besoin actuel d’un « modèle d’encodage/décodage » (Stuart Hall).

Grant Watson introduira son projet en cours, How We Behave, basé sur une série d’interviews qui explore le rapport de la subjectivité aux politiques contemporaines. Les personnes interviewées (artistes, curateurs, théoriciens, activistes – entre autres) ont été contactées au travers de réseaux professionnels et personnels à Amsterdam, Londres, São Paolo, Los Angeles, San Francisco et New York (2012-14), Athènes, Delhi et Bombay (2016). L’attention s’est portée sur des individus aux modes de vie expérimentaux, qui génèrent de nouvelles structures sociales, qui investissent leur temps dans l’auto-éducation, développent une conscience politique ou des manières alternatives de penser le genre et la sexualité. How We Behave est conçu comme une proposition curatoriale, dans laquelle les artistes ne sont pas simplement considérés comme des personnes qui créent des œuvres, mais comme des sujets avec lesquels travailler.

Les présentations seront commentées par Yann Chateigné.