Quand la matière pense

Lundi 28 septembre 2015, 19h

Quand La Matière Pense (When Matter Thinks)

Présentations suivies d’une conversation (en anglais) par Ursula Biemann (Zurich) et Kodwo Eshun (Londres).

HEAD, Boulevard Helvétique 9, 1205 Genève, salle de séminaire CCC, 2ème étage, salle 27

Forest Law, a collaborative project by Ursula Biemann and Paulo Tavares, 2014, video still.
Forest Law, a collaborative project by Ursula Biemann and Paulo Tavares, 2014, video still.

Ursula Biemann et Kodwo Eshun exploreront les différentes formes de recherche qui entrent en contact avec les forces de la matière. Comment est envisagé et narré l’enchevêtrement de l’humain et de l’inhumain? Comment sont rendues audibles, visibles et sensibles les multiples échelles de relations entre la terre, le monde et la planète? Comment les demandes temporelles et spatiales de la matière planétaire – qui subit la violence anthropogénique – modulent-elles, mutent-elles et refondent-elles la forme et la fonction de la pratique essayiste?

Dans sa conférence The Cosmopolitical Forest (La Forêt Cosmopolitique), Ursula Biemann traitera des moyens de remettre en question l’épistémologie traditionnelle grâce à une vision post-humaniste qui repense les interrelations entre pensée et matière comme un système unique, interactif et dynamique, en constant processus d’agrégation moléculaire. Les récentes vidéos d’Ursula Biemann explorent la matérialité du pétrole et de la glace, ou considèrent la forêt et l’eau comme des médias temporels qui, au même titre que la vidéo, enregistrent l’histoire humaine et les altérations chimiques de la planète. En s’appuyant sur les théories de Michel Serres, Isabelle Stengers et Eduardo Kohn, Biemann analyse Forest Law, une vidéo récente produite en collaboration avec l’architecte Paolo Tavares, dont la narration se situe dans un futur conditionnel défini par les décisions actuelles.

The Radiant, The Otolith Group, 2012, video still.
The Radiant, The Otolith Group, 2012, video still.

Dans sa conférence Sentient Entities (Entités Sensibles), Kodwo Eshun traitera du rôle joué par la matière sensible dans les styles de fiction contemporains, tels que l’Eerie et le New Weird, respectivement comics et fictions d’horreur. Dans les textes récents du théoricien Reza Negarastani et du romancier Jeff VanderMeer, des matières telles que le pétrole ou les paysages pollués sont envisagés comme des médias post- et supranaturels qui jouent un rôle occulte au sein des assemblages cosmopolitiques. Bien que différentes, les écologies nuisibles imaginées dans Cyclonopedia et The Southern Reach Trilogy sont liées aux actions cachées de la matière, mises-en-scène dans les travaux récents de The Otolith Group, du théoricien Mark Fisher et du romancier Justin Barton. Quelles sont les implications de la symbiose et de l’inversion anthropique entre l’humain et l’inhumain narrées dans ces travaux?

Contact: Eric Philippoz (eric.philippoz@hesge.ch)