26 Jan. 2016

événement

Antoine Boute – VOIX OFF

Dire « je ne crois pas en l’argent » c’est du vent, je veux être ce vent, l’intensité nue d’un vent biohardcore sur les comportements.

Antoine Boute travaille à faire se chevaucher poésie (écrite, sonore, graphique), philosophie, performance et musique expérimentales, notamment en écrivant des livres, en réalisant des lectures/performances ou en organisant des événements. Il est l’auteur d’une dizaine de livres dont Tout Public (2011, Les Petits Matins), Les Morts rigolos (2014, Les Petits Matins) et S’enfonçant, spéculer (2015, Onlit). Il fait des performances en Belgique, France et Pays-Bas et parfois ailleurs. Il programme les cycles d’événements BRUL et Salons du Sang Neuf aux Ateliers Claus à Bruxelles et organise sporadiquement Boslawaai, un festival biohardcore dans la forêt de Soignes.

 

Introduction de la lecture d’Antoine Boute du 26 janvier 2016 par Carla Demierre :

Antoine Boute écrit des textes dont il fait des livres (papier et numériques) et des performances. Ici la lecture publique avec toutes ses augmentations est un dispositif ouvert et expérimental où un texte est transformé, relancé, échangé. C’est sur scène que s’opère la rencontre du texte avec des formes étrangères à lui, c’est là aussi qu’il transite par le corps, qu’il passe d’une forme de langage imprimée et terminée à une forme vivante et instable.

Antoine Boute aime travailler avec d’autres artistes et organiser des événements où les choses se mélangent. Citons dans le désordre : Un festival de performances dans une forêt de hêtres (elle s’appelle la forêt de Soignes), des soirées intitulées Brül dans un lieu réunissant des ateliers d’artistes, l’Armée Noire un groupe d’artistes – poètes pour la plupart – (parmi lesquels Charles Pennequin) réunis autour de l’organisation irrégulière d’événements divers et la fabrication d’une gazette, ou encore les films de la cinéaste belge Martine Doyen dans lesquels Antoine Boute apparaît, et qu’il co-signe parfois (c’est le cas de Examen de Pâques). Les intervalles sont nombreux donc entre les livres et la scène que Boute explore.

Il est aussi l’auteur d’une quinzaine de livres dont les plus récents Tout Public (2011) et Les Morts Rigolos (2015) sont parus aux éditions Les petits matins dans la collection Les grands soirs dirigée par l’écrivain Jérôme Mauche.

« Tout public » raconte l’écriture d’un roman dont le concept est d’être « 100% tout public » autrement dit « complètement ergonomique à la pensée de toute sorte de gens ». Pour tenir cette « exigence-limite » le récit passe par différents états: enquête autour de la disparition d’un enfant dans une armoire, film tourné par des abeilles, fête pornolettriste dans les bois, philosophie expérimentale du football, projet artistique mégalomane ou critique culturelle dans un centre de vacances naturiste.

« Les morts rigolos », commence lui sur les mots « J’ai une blague » puis s’employe à repousser le moment de sa chute. En route il s’interroge sur la fin : sa forme, son fond. Et se double du récit d’une aventure : la création d’un service de pompes funèbres expérimentales organisant des cérémonie d’adieu par d’autres moyens (ces moyens rappellent les propositions de l’art contemporain).

Les livres de Antoine Boute sont des lieux agités, accueillants et transformistes. On retrouve d’un livre à l’autre une voix (moitié orale, moitié mentale) qui vous entraîne énergiquement dans son sillage, et qui semble abriter toute une communauté, un réseau de forces qui travaillent à faire avancer le livre. Ainsi narrateur, personnage, ami, auteur, enfant de l’auteur plantent collectivement un récit-décor qui revient. L’étang souvent (étandue d’eau stagnante, réservoir, surface réfléchissante), jamais loin de la forêt dans laquelle des hommes croisent des femmes, des enfants se font/ne se font pas, des plans s’échaffaudent et s’écroulent, des fêtes se passent, on glisse de la joie à l’ivresse à la transe, on assiste à des rattages sensationnels, la pensée se déchaîne, les articulations sautent et au milieu de tout ça, la langue déploie sa capacité stupéfiante et biohardcore à reformer continuellement du sens.