Statement

Présentation en dix mots-clés

Artiste (être, devenir –)

Etre artiste induit une forme singulière de relation au monde, de rapport aux autres et au travail. Etre artiste suppose de développer une manière de penser, une éthique et une économie particulières ; se consacrer à une pratique dont la valeur est variable, relative et complexe ; penser la question même du métier différemment ; s’engager dans une vie fondée sur une certaine idée de l’intensité.

Le Département Arts visuels de la HEAD – Genève propose une formation qui agit par contact avec des figures d’identification aux positions différenciées : artistes, curateurs ou producteurs, critiques, théoriciens ou chercheurs… autant d’acteurs actifs sur les scènes d’aujourd’hui.

Notre but est de permettre aux étudiant-e-s de délimiter leur territoire, de savoir se situer, dessiner un périmètre et tracer leur parcours ; de trouver leur position et de la défendre, de prendre confiance.

Coopération

Faire œuvre, c’est faire avec : des conversations entre artistes aux discussions et débats avec les critiques, les historiens ou les commissaires d’expositions, c’est le partage qui forme et élucide les enjeux des œuvres.

L’enseignement du Département Arts visuels se fonde sur une structure collective : ses programmes sont menés par des artistes et des théoriciens aux champs d’expertise distincts et complémentaires. Entre coopération et conversation, focalisation et décentrement, production et critique de cette production, une logique de projets structure les formes de transmission du Département, qui reposent sur l’idée du faire ensemble, au-delà des partages disciplinaires.

Envisageant l’art dans son champ élargi, de nombreux et fructueux échanges avec le cinéma, le design, le graphisme mais aussi les arts de la scène, la littérature et la musique permettent d’échanger les rôles de préciser les positions, de mettre en jeu les idées et les savoirs.

Critique (esprit, pensée, session –)

Savoir naviguer et hiérarchiser, classer et vérifier, comparer et articuler les informations dans l’océan de données qui constitue la culture d’aujourd’hui, sont autant de compétences essentielles à un artiste.

L’une des colonnes vertébrales du programme du Département repose sur la formation d’un esprit critique, qui permet de prendre de la distance avec le monde, de construire une pensée indépendante pour s’y réengager plus fortement.

Nos enseignements théoriques, sous la forme de cours ou de séminaires, proposent une approche progressive croisant les lectures chronologiques (du 19ème siècle à nos jours), par mediums artistique (photographie, vidéo, performance…) et par discipline de pensée (histoire de l’art, philosophie, ethnographie…). Les sessions critiques sont le deuxième pilier : c’est là que s’élabore le discours entre les étudiants, que se déplie et se déploie la pensée de l’œuvre et de sa réception. Enfin, l’initiation à la recherche, en Master, permet d’approfondir et de s’approprier ces allers-retours entre pratique et théorie.

Différence

Une école d’art est un lieu d’un genre particulier, souvent pétri de contradictions : on y enseigne l’art, alors qu’il n’a peut-être jamais été obligatoire de faire une école pour être artiste ; c’est un espace de liberté, alors que l’art n’est que contraintes, règles et systèmes ; on y parle beaucoup de pédagogie, alors que l’on ne saura peut-être finalement jamais comment l’art se transmet…

Le Département Arts visuels de la HEAD – Genève est une école de la différence. Les étudiant-e-s y sont encadrés et dans le même temps invité-e-s à trouver leur propre voie, en lien avec des équipes qui entendent les informer autant que les former. En cela, elle aussi une école elle-même différente : l’évaluation y est des plus exigeantes, mais on n’y donne pas de note ; on y élabore des modèles mais on s’intéresse tout autant aux positions singulières, sans jamais normer le travail.

Fondée sur l’intelligence collective, nourrie d’utopies concrètes et des promesses de l’éducation humaniste, la philosophie du Département est celle du ré-enchantement par l’enseignement, dans un société en crise ; elle est celle de la résistance à l’effondrement des idéaux et des idéologies ; elle est enfin et surtout celle d’une école comme lieu de possibles, ouverte et généreuse.

Expérience

Considérer l’art comme expérience, c’est imaginer l’œuvre comme noyau d’un ensemble de relations, et l’expérience esthétique comme un vecteur d’intensification de ces formes de relations. Penser l’enseignement comme expérience, c’est créer les conditions d’une appréhension collective de l’inconnu.

En proposant un apprentissage par essais et tâtonnements, nourri de tentatives et d’erreurs, le Département Arts visuels dessine un espace où l’éducation se pense en termes de développement organique du projet artistique de l’étudiant-e.

Dans les programmes, les participant-e-s sont regroupés par affinités autour d’un projet de travail, et non par volée, ou année. La liberté y est de mise, pour articuler différentes temporalités, et intensités : l’expérimentation et le temps long, durable, de la recherche ; le temps court, et intense, de la production et du projet.

Exploration

L’art du temps présent n’a de cesse de conquérir de nouveaux territoires, et une école est un des lieux dans lesquels les artistes doivent pouvoir explorer des zones encore en friche, inattendues et surprenantes.

Le Département Arts visuels de la HEAD – Genève s’engage à guider ses étudiant-e-s au-delà de la surface des choses, par delà les apparences et les clichés du monde de l’art pour enquêter, en profondeur, dans la réalité de la production contemporaine. En les invitant aussi à sortir de l’enceinte de l’école, à travailler sur le terrain pour produire des images et des œuvres, les enseignant-e-s proposent une confrontation avec le réel nécessaire à toute pratique engagée, au plus près du corps social.

Leur liberté académique, l’originalité de leurs recherches, les mène à mettre en partage leurs projets en cours : qu’ils soient artistes, dans le cadre de workshops, ou théoriciens dans le cadre de séminaires, ils invitent les participant-e-s à plonger tête baissée, mais non sans méthode dans le travail en train de se faire, dans des domaines les plus avancés du moment.

Monde (découvrir, pratiquer le –)

Une école est un monde en soi, une « bulle » évoquant sa dimension suspendue au-dessus du réel. L’un des crédos du Département Arts visuels est de permettre aux étudiant-e-s de découvrir des mondes, en créant des ponts entre l’école et autant d’ailleurs.

En accueillant des enseignant-e-s et des étudiant-e-s issus de tous les horizons, la HEAD – Genève ouvre d’emblée ses portes à une dimension fortement internationale. De nombreux échanges, projets de travail ou encore d’expositions à l’étranger ouvrent la formation à des expériences hors des frontières de la Suisse, des Etats-Unis, l’Asie, au Moyen-Orient, l’Afrique…

De nombreux passages sont construits avec des partenaires professionnels qui déplacent les cadres de travail cette fois-ci non pas nécessairement géographiquement mais de manière de voir les choses : tissant des liens musées, centres d’art, lieux indépendants accueillent nos programmes afin de proposer autant d’expériences à l’échelle 1:1. Des mandats ambitieux et à caractère public, voire social frayant en dehors du monde de l’art, complètent, enfin, ce panel d’expériences réelles.

Transmission

Il y a une histoire et une théorie de la transmission en art, marquée par les grandes figures d’artistes-enseignants du 20ème siècle et 21ème siècle, comme par un certain nombre de penseurs majeurs de la modernité.

Dans cette continuité, le Département Arts visuels s’appuie sur des enseignant-e-s dont la pratique de la transmission fait partie intégrante de leur pratique artistique. Il offre autant de contextes, de laboratoires, de dispositifs dans lesquels ces derniers peuvent inventer des formes d’enseignement en dialogue avec les étudiant-e-s.

Expériences pratiques et théoriques radicales, projets de recherche historiques, une formation Master spécifique tournée vers les formes de médiation expérimentales permettent aux étudiant-e-s intéressés d’approfondir cette politique de la transmission comme pratique intégrante d’une démarche d’artiste accompli.

Recherche

Il existe, dans le champ de l’art – au même titre que dans d’autres domaines comme les sciences exactes ou les sciences humaines – une recherche fondamentale. Prenant différentes formes, la recherche par les moyens de l’art est aujourd’hui l’un des espaces de production de savoir les plus inventifs.

Interdisciplinaire, ouvert sur le monde, croisant pratique et théorie, il nourrit les enseignements du Département Arts visuels qui propose ainsi, dès sa formation Bachelor, une initiation à la recherche. Dès le niveau Master, l’approfondissement s’incarne dans la production de la Master thesis, aboutissement de deux années de travail dont le but est de donner le goût de la recherche et les outils d’une autonomie méthodologique.

Un séminaire participatifs de préparation au doctorat en Arts visuels est également ouvert aux artistes, ou à tout autre chercheur souhaitant bénéficier des apports de la recherche en art.

Savoir (ou non –)

Si les artistes sont ceux qui savent voir, il y a un savoir propre au créateur qui réside dans cette capacité déceler dans le réel ce que les autres ne peuvent pas percevoir. Il y a une science de la représentation qui passe par l’acquisition de techniques spécifiques, de savoirs faire hautement recherchés et transmissibles.

Mais il y a également un savoir non savant de l’artiste ou du penseur qui cherche, qui montre et qui relie, qui tisse des relations inédites, imagine. Et apprendre cet art de l’invention, cette science du bricolage, de la création d’outils techniques et conceptuels nouveaux, singuliers, non standards, induit aussi de se placer parfois dans la position du « maître ignorant ».

Les enseignements proposés par le Département Arts visuels articulent ainsi ces deux voies corollaires, nécessaires à l’initiation, nous semble-t-il, de toute jeune artiste : entre apprendre et désapprendre, entre chercher et se perdre, apprendre à se perdre et enfin, en dépit de l’école elle-même, chercher à désapprendre.

Organisation du département

Options Bachelor

Orientations Master