6 Mai. 2014

18h30
événement

Voix-off : Pascale Favre

→ MAMCO

 

La même chose mais avec une difficulté supplémentaire.

Pascale Favre née en 1970 est artiste et écrivain. Après une première formation en architecture d’intérieur, elle suit des études d’art et développe une pratique associant dessin et écriture. Touchant à la mémoire intime et son rapport à l’espace architectural, son travail prend forme dans des livres, des expositions et des lectures-performances. Elle est membre du comité des éditions Art&Fiction. Hormis ses parutions en revue et ouvrages collectifs, elle est l’auteur de plusieurs livres d’artiste, comme De Nuit (Art&Fiction, 2003) ou plus récemment Abcdefz (Art&Fiction, 2010).

 

Introduction de la lecture du 6 mai 2014 par Carla Demierre :

L’œuvre de Pascale Favre prend formes dans le livre, l’exposition, la lecture et la performance. Le tout reposant sur un principe de réciprocité qui trouve son origine dans une pratique entrelacée du dessin et de l’écriture. Entre ces deux pôles le lien est assez ténu pour se permettre de grands écarts enrichissants, allant de la flûte baroque ou traversière, à l’architecture d’intérieur, sa première formation. On en trouve des échos dans le regard qu’elle pose sur l’espace comme mesure et élément structurant du temps, des corps et des récits. Dans les dessins, les éléments de mémoire assemblés, recomposés et organisés racontent – par le vide, par l’absence – des épisodes de sa vie. Au texte il revient peut-être de faire quelque chose avec les ouvertures, les trous, les hésitations, les taches.

Pascale Favre compare le dessin d’un espace intérieur à la contruction d’une fiction. Elle dit que nous marquons les lieux comme ils nous marquent. Ainsi chez elle, la feuille volante, le mur, le livre et la scène sont autant de surfaces où dessins et textes construisent, toujours précis et léger, l’équilibre fragile qui nous lie à ce qui nous est extérieur et intérieur, espace comme mémoire. Tous ses livres sont des formes d’échos, sur le mode du catalogue, du document, du livre d’artiste ou du livre de fiction. Un éventail formel et une expérimentation qui l’a conduit naturellement à collaborer avec les éditions art&fiction, d’abord en sortant sous ce label l’essentiel de ses publications et à partir de 2006, en rejoignant son comité éditorial. Cette structure romande fondée il y a une quinzaine d’année sur le principe du collectif d’artistes, s’attache depuis avec une énergie redoutable à produire une lisibilité pour des pratiques liant les artistes à l’écriture et au livre.

Il me reste à citer quelques publications. Pourquoi pas Abcdefz, sorti en 2010, une suite de textes courts décrivant une interaction vie/ville faite de zones à éviter et de points à rallier. Ou en 2008 Histoire de ma montre casio où ses dessins viennent doubler un texte d’Alexandre Friedrich. Elle est aussi une contributrice régulière de Start, une fameuse revue d’art contemporain destinée aux enfants.

Je vous signale enfin que sortira très bientôt dans la collection Re : Pacific le premier roman de Pascale Favre, Présent presque parfait, roman dont on trouve sur la page de l’éditeur cette intéressante définition: « une sténo-biographie travaillant sur la persistance et les trous de mémoire ». Cette fois c’est dans la forme du roman, et jouant des fluctuations de la parole, des effets de précision et des sautes d’humeur de la voix qui lui sert à dérouler le récit, que Pascale Favre poursuit sa réflexion sur la capacité des histoires à traverser, structurer et créer des ouvertures dans les mur, les pièces, les hommes ou les femmes.