Politiques et initiatives mémorielles et pratiques artistiques dans les processus de paix et de reconstruction [PIMPA/PPR], co-dirigé par Pierre Hazan et Catherine Queloz

Projet soutenu par le FNS (Fonds National Suisse de la recherche Scientifique)
CR11I1_143961, 2012-2014

Initié et réalisé au Programme Master de recherche CCC critical curatorial cybermedia studies, unité d’enseignement de la Haute École d’Art et de Design (HEAD), Genève

 

objectifs du projet de recherche
méthodologie

Le projet Politiques et initiatives mémorielles et pratiques artistiques dans les processus de paix et de reconstruction [PIMPA/PPR] étudie la représentation dans l’espace public des violations massives des droits de l’homme. Depuis les années 1980, la volonté de faire mémoire se manifeste par une multiplication d’initiatives mémorielles: création de mémoriaux, instaurations de minutes de silence, changements de noms de rues, expositions thématiques d’art contemporain, développement d’un « tourisme noir » sur les lieux de massacres ou de camps de concentration.

Toutefois, malgré l’importance croissante des initiatives commémoratives dans l’espace public, le rôle des pratiques artistiques reste encore relativement peu étudié, ceci en dépit du fait que les initiatives mémorielles apparaissent comme faisant partie intégrante des politiques de réconciliation. Ainsi, bien que de nombreux chercheurs dans les domaines des droits humains, des Peace Studies, des sciences politiques, de l’histoire et de la philosophie aient reconnu l’importance des initiatives mémorielles dans les processus de réconciliation, ils prennent rarement en considération la question de la forme artistique et de l’impact sociétal de ces initiatives.

En mettant en dialogue les approches théoriques des sciences politiques (justice transitionnelle), humaines et sociales d’une part (histoire, histoire/théorie de l’art), et les démarches artistiques (pratiques artistiques discursive, situées, interventionnistes) d’autre part, le projet PIMPA cherche à croiser différents domaines de recherche en mettant en œuvre une méthodologie interdisciplinaire critique.
La dimension interdisciplinaire qui sous-tend le projet se fonde ainsi sur l’idée que l’espace de l’art contemporain et les mécanismes qui l’inscrivent dans un domaine public plus large, nécessitent une relecture radicale et une conception élargie de l’art. Une relecture qui impliquera la mise à l’épreuve d’un certain nombre d’outils critiques et théoriques, face à la réalisation souvent complexe, d’œuvres et de projets artistiques commémoratifs.

Ainsi, l’initiative du projet de recherche à la Haute école d’art et de design de Genève, plus particulièrement dans l’unité d’enseignement transdisciplinaire Programme Master de recherche CCC (critical curatorial cybermedia studies), favorise son ancrage dans un terrain propice à l’étude des initiatives mémorielles considérées sous l’angle non seulement des pratiques artistiques, mais aussi des sciences politiques et des études critiques. Celles-ci font en effet partie intégrante du cursus des étudiants en art et des compétences des artistes, théoriciens et chercheurs affiliés à ce département.

champs d’étude de la recherche
historique de la recherche

Afin de contribuer à une meilleure compréhension de la dynamique et de l’impact des initiatives mémorielles dans les processus de reconnaissance et de reconstruction, le champ d’études est limité temporellement et géographiquement à un ensemble d’initiatives propres à différentes régions géographiques (Allemagne, Bosnie-Herzégovine, Israël-Palestine, et Suisse). Ces initiatives sont par ailleurs toutes inscrites dans l’espace public, et ont été réalisées à partir de l’an 2000. Ceci permet de mettre en évidence une typologie préliminaire structurant la recherche. A travers ces cas d’études, le projet vise trois objectifs principaux : analyser les modes de représentation des crimes de masse et des conflits, étudier le processus de décision entre les différents acteurs des initiatives mémorielles (artistes, pouvoirs publics, partis politiques, militants des droits de l’homme, associations de victimes), ainsi que les modalités selon lesquelles ces initiatives mémorielles ont influencé les débats de société sur la représentation du passé, sur l’identité collective et sur les processus de réconciliation.

Le projet PIMPA s’inscrit  dans le prolongement du projet PIMPA VIS707-10 et VIS05-11, tous deux financés par le fonds stratégique de la HES-SO entre octobre 2010 et août 2012 et du projet DO-RE déposé en mars 2011. Cette première phase a été cruciale pour construire un réseau de chercheurs internationaux travaillant à partir de diverses disciplines et dans des aires géographiques multiples. Elle a permis d’établir différents partenariats, avec le Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genève, le Musée Cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, le Fond municipal d’art contemporain, Genève, l’Akademie der bildenden Künste, Vienne et Saint-Gervais, Le Théâtre, Genève. De plus, cette phase initiale a permis d’identifier les principales questions de recherche, d’établir des méthodologies spécifiques et de sélectionner des cas d’étude qui semblaient paradigmatiques. Enfin, cette prémisse a également été l’occasion d’établir un lien avec les étudiants du Programme Master CCC, notamment à travers des séminaires et colloques. Par ailleurs, les étudiants ont réalisé des projets et publications sur les politiques mémorielles en Ville de Genève. Déposé en avril 2012 au FNS, le projet interdisciplinaire Politique et initiatives mémorielles et pratiques artistiques dans les processus de paix et de reconstruction [PIMPA/PPR] a été financé d’octobre 2012 à octobre 2014.

résultats de la recherche en cours

La phase initiale du projet a été marquée par la mise en place d’un séminaire de rencontres avec des chercheurs, artistes et activistes et par l’organisation, le 18 mars 2011, d’une journée d’étude intitulée Politiques mémorielles et pratiques artistiques, portant sur des questions relatives aux processus décisionnels, à l’impact social, aux modes de représentation et au paradigme postcolonial. Durant cette même année, un colloque Construire la mémoire des crimes contre l’humanité : interventions artistiques et politiques mémorielles est organisé à Saint-Gervais Le Théâtre, Genève du 7 au 10 décembre 2011, réunissant des chercheurs internationaux. Il permet de consolider les modes opératoires, d’affiner les thèmes, de comparer les approches issues des différentes disciplines, et de stimuler les étudiants et chercheurs junior à développer des projets d’étude dans le champ. Il fait l’objet d’un cahier spécial intégré au « Samedi Culturel » du quotidien Le Temps. Grâce au soutien de la recherche par le FNS, l’année 2012-2013 permet l’organisation de voyages d’étude sur le terrain en Israël/Palestine, à Berlin et en Bosnie-Herzégovine. Ces études de cas font l’objet d’articles publiés, de janvier à juin 2013, dans le bimensuel La Cité.

Les 7 and 8 octobre 2013 la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les droits culturels, Farida Shaheed, organise une session au Programme CCC de la HEAD sur l’Art et la mémoire après la guerre dans l’objectif d’adresser des recommandations aux gouvernements, aux ONG et aux acteurs culturels lors du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, en janvier 2014 (cf. Rapport ONU HRC-25-49, 23 January 2014). Les travaux de la session sont suivis d’une conférence publique de Farida Shaheed et de la présentation du projet de Grupa Spomenik, Four Faces of Omarska, par l’artiste serbe Milica Tomic, membre du groupe.

Le 21 octobre 2013, à Berne, les chercheurs participent au colloque peer-reviewed, Swiss Inter – and Transdisciplinary Day, TD-Net, à l’occasion duquel ils présentent deux affiches portant sur les deux projets de recherche de l’unité d’enseignement CCC : PIMPA et TAAG. Le 21 novembre de cette même année, a lieu une présentation de la recherche dans le cadre du séminaire, Actualité de la recherche, au Département d’histoire de l’art de la Faculté des Lettres de l’Université de Genève.

En automne 2014, l’équipe de recherche est invitée à participer à la mise en place d’un projet européen Horizon 2020, lancé par le professeur Jay Winter, historien, spécialiste de la 2e guerre mondiale et de son impact sur le 20e siècle (Yale University), The Living Past: Memory Wars, Contested Heritage and Nostalgia in Southeast Europe, en collaboration avec l’Université Panteion, Athènes; l’Université de Copenhague; l’Université de Belgrade, l’Université de Ljubljana et le CCC/HEAD, Genève.

Du 15 janvier au 15 février 2015, PIMPA organise une exposition intitulée Beyond the monument | Au-delà du monument, au Commun, Bâtiment d’art contemporain Genève, accompagnée d’un colloque international les 22 et 23 janvier 2015.

L’équipe de recherche poursuit sa collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme et participe, le 15 mai 2015, à la première édition des Rencontres de Genève, Histoire et Cité sur le thème Construire la paix, avec l’artiste Alfredo Jaar (Chili, Etats-Unis) et le politologue Sélim Benhassen (Tunisie).

En automne 2015, des chercheurs de PIMPA collaborent à la publication, Milica Tomic et al., Grupa Spomenik Archive, avec Stanford University, Allianz Stiftung 2016.

Simultanément à ces outputs et outcomes, les chercheurs lancent à deux reprises (avril 2014 et octobre 2015) une nouvelle requête au FNS pour soutenir la poursuite du projet Beyond the Monument. Political mobilisation, citizen initiatives and art interventions in memorialisation processes [BM]

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