—Résister à l’Extinction: Standing Rock, Éco-génocide et Survie

Lundi 16 janvier 2017, 19h

Résister à l’Extinction:

Standing Rock, Éco-génocide et Survie

Théorie Critique avec Gene Ray

HEAD – Genève, Boulevard Helvétique 9, 1205 Genève, salle de séminaire CCC, 2e étage, salle 27

Aîné de la tribu amérindienne Lakota, Leonard Crow Dog accepte les excuses du vétéran américain Wesley Clark Jr., au cours d'une cérémonie du pardon organisée par des Amérindiens et des vétérans de l'armée américaine, au sein de la réserve Sioux de Standing Rock dans le Dakota du Nord, le 5 décembre 2016, soit le jour suivant la reconnaissance par le Corps des Ingénieurs de l'armée américaine de la validité des demandes des militants protecteurs de l'eau et la suspension des travaux de construction de l'oléoduc Dakota Access Pipeline dans l'attente d'une évaluation d'impact environnemental.
Aîné de la tribu amérindienne Lakota, Leonard Crow Dog accepte les excuses du vétéran américain Wesley Clark Jr., au cours d’une cérémonie
du pardon organisée par des Amérindiens et des vétérans de l’armée américaine, au sein de la réserve Sioux de Standing Rock dans le Dakota
du Nord, le 5 décembre 2016, soit le jour suivant la reconnaissance par le Corps des Ingénieurs de l’armée américaine de la validité des demandes
des militants protecteurs de l’eau et la suspension des travaux de construction de l’oléoduc Dakota Access Pipeline dans l’attente d’une évaluation
d’impact environnemental.

De toutes les crises associées à l’anthropocène, au capitalocène, au chthulucène ou au nécrocène, l’extinction dont les êtres humains sont la cause constitue la plus grave et la plus importante, et celle dont on parle le moins. La modernité a engendré la Sixième Extinction de Masse de l’histoire de la Terre. Chaque jour, ce sont environ 100 espèces qui s’éteignent. D’ici la fin du siècle, deux tiers de l’ensemble des espèces pourraient avoir disparu. Malgré cela, la classe politique ne se sent même pas tenue de mettre le sujet sur la table. Dans ce cas, qu’est-ce que la politique aujourd’hui? L’extinction d’une seule espèce provoque, à terme, un véritable désastre. Une extinction de masse entraîne une réduction du monde vivant et des populations à un degré radical et irréparable, modifiant le cours de l’évolution et reconfigurant le futur de la planète. Cette extinction révèle l’un des fantasmes de la modernité les plus profondément ancré et destructeur: la supériorité de l’espèce humaine, selon laquelle les humains seraient supérieurs, exceptionnels, et destinés à dominer toute autre forme de vie sur Terre. La modernité implique l’extinction, et le capitalisme nous oblige à nous en faire complices. Les nouveaux fascismes ont annoncé leur volonté de défendre ces acquis. La fin de partie nous réserve une scène mondiale dévastée par la mort et la solitude et le fait même d’en être conscient constitue un traumatisme. Le désaveu se fait laborieusement et c’est avec difficulté que la prise de conscience et les résistances s’étendent. La supériorité de l’espèce humaine demeure le paramètre par défaut, mais se trouve de plus en plus contestée par les alliances émergentes formées de populations autochtones, militant-e-s, scientifiques et chercheu-rs-ses interdisciplinaires, qui soulignent l’interdépendance et les liens que tissent les espèces dans les communautés écologiques. Des pratiques populaires émergentes soucieuses de la nourriture, de l’eau et de l’énergie tentent de dépasser la modernité, en faisant renaître et en repensant les préceptes traditionnels de la proximité entre espèces et de la mutualité. Ces pratiques s’associent aux luttes anti-coloniales et aux combats pour la justice environnementale et climatique, comme tout récemment et de manière saisissante à Standing Rock, dans le Dakota du Nord, aux États-Unis. Dans ce moment historique à la fois dangereux et crucial, que peut l’art?