LE VISAGE TRANSHUMAIN DU CAPITALISM

MARDI 4 DECEMBRE 2018, 19H00

Le Visage Transhumain du Capitalisme

Ana Teixeira Pinto

HEAD – GenèveBoulevard Helvétique 9, 1205 Genève, salle de séminaire 27, 2ème étage

Vaporwave, un genre qui relève de la nostalgie, a été approprié par le mouvement ethno-nationaliste blanc, produisant le sous-genre “fashwave”. Fashwave combine des images des marbres gréco-romains avec des trames à la Tron, des couleurs pastels et des palmiers, liant ainsi l’origine mythique de la civilisation blanche au rêve américain et à l’industrie des technologies.

La spécificité du mouvement d’extrême droite, devenu célèbre sous le nom d’alt-right, réside dans sa relation avec les technologies de l’information, bien plus que dans sa relation avec les espoirs déçus de la classe ouvrière post-industrielle. Cela pointe, je dirais, vers une nouvelle configuration de l’idéologie fasciste qui prend forme sous l’égide de et en tandem avec la gouvernance néolibérale. Si toute montée du fascisme témoigne d’une révolution manquée[1], on pourrait dire que l’augmentation des tendances crypto-fascistes au sein du secteur des technologies atteste des défaites de la “révolution digitale”, dont les promesses d’une économie post-pénurie et d’un capital socialisé n’ont jamais été réalisées. Dans cette perspective, les guerres culturelles qui se disputent en ligne constituent le proxy d’une bien plus grande bataille autour de la dé- Occidentalisation, l’impérialisme et l’hégémonie blanche.

[1]Cette formule est souvent attribuée à Walter Benjamin, bien qu’elle soit, dans le meilleur des cas, une élision de son argument et pas une citation directe.