Pays de Caux : un territoire à l’essai.
Découvrir un territoire, ses paysages, ses habitants, son économie et sa poésie. Y amener sa curiosité, sa personnalité, sa culture, ses obsessions propres. Etre capable de s’ouvrir au territoire, d’accueillir sa singularité, de la percevoir, mais sans s’y perdre, s’y dissoudre. Savoir donner forme à son propre regard, sa propre manière de voir et de vivre ce nouveau territoire. Dans cette rencontre d’un sujet et d’un monde, chercher la possibilité d’un film. Cette idée d’un cinéma libre, qui invente ses formes en découvrant sa matière, circonscrit un « territoire de l’essai », où le cinéma du réel trouve peut-être sa voie propre, la plus exigeante.
C’est à ce défi de l’essai poétique qu’ont été confrontés les étudiant-e-s de première année au printemps 2013, dans le cadre d’un atelier conçu et mené par le cinéaste et artiste Pierre Creton. L’oeuvre de Creton (Secteur 545, L’Heure du Berger) est exemplaire d’un cinéma de la rencontre, qui trouve sa matière et ses formes dans un territoire aimé et habité, tout en s’ouvrant au grand dehors de la pensée et des devenirs. Les étudiant-e-s ont passé au semestre de printemps 2013 dix jours en Normandie, au bord des falaises du Pays-de-Caux, dans le territoire où Pierre Creton vit et travaille, à la fois comme artiste-cinéaste et ouvrier agricole. Accueillant les étudiant-e-s chez lui, dans son pays familier, organisant les rencontres avec des habitants curieux de travailler avec de jeunes apprenti-e-s cinéastes, Pierre Creton les a aidé-e-s à chercher leur chemin dans cet inconnu, à y frayer un film possible. De retour à Genève, il a suivi le montage du matériel rapporté de Normandie. Il en a profité pour rendre la pareille aux étudiant-e-s, en réalisant lui-même un film avec son ami Vincent Barré, dans un territoire inconnu d’eux : le canton de Vaud du poète Gustave Roud.
Un bouquet de films très disparates s’est ainsi rassemblé, entre Pays de Caux et canton de Vaud, Suisse et Normandie.
Pour tous l’expérience fut déstabilisante, intense, et d’une formidable richesse. Certains auront pris goût à cette voie étroite d’un cinéma de poésie, où chaque film s’invente sans modèle ni recette. Tous y aurons beaucoup appris sur eux-mêmes, l’autre, l’exercice rigoureux de la liberté au cinéma.
Intervenant :
Pierre Creton
Assistante : Céline Ameslon
Direction de l’Atelier : Cyril Neyrat