Le Département Cinéma / cinéma du réel de la Haute école d’art et de design – Genève poursuit trois missions principales : la mise en partage avec les étudiants d’un cursus de formation ; des activités mettant en lien hors des murs de l’école des films issus de nos ateliers de réalisation et des publics, des rencontres et débats avec des personnalités du cinéma ; le troisième engagement porte sur la recherche en lien avec nos réflexions autour de cette notion forcément non réductible à une seule définition du cinéma du réel. Il s’agit d’inventer des territoires de création autres et de mettre à l’œuvre des essais, soit des formes, des choix esthétiques et narratifs qui pensent obliquement, ailleurs, le monde et ses représentations. L’essai est un enjeu sérieux qui nous paraît être aujourd’hui encore et toujours au cœur d’une création et d’une réflexion qui questionnent nécessairement le monde contemporain.
Jean PerretUn apéritif sera servi au Salon Bleu du Casino de Montbenon à l’issue de la première séance.
Tarif de 10 CHF (prix réduit : 8 CHF) pour les deux séances.
www.cinematheque.ch
L’ouvrage Jeux sérieux : cinéma et art contemporains transforment l’essai est le fruit de cinq années de recherche initiée par le Département Cinéma / cinéma du réel de la HEAD – Genève. Il fait suite à « Start making Sense ! Cinéma et art contemporains transforment l’essai », qui comprenait maintes manifestations : un colloque à l’Université de Genève, une conférence de Georges Didi-Huberman à la Comédie de Genève, des projections et des débats aux Cinémas du Grütli, un colloque au Centre d’Art Contemporain et une exposition à LiveInYourHead.
Coédité par la HEAD – Genève et par le Musée d’art moderne et contemporain (Mamco), Jeux sérieux offre non seulement la collection des diverses contributions produites à cette occasion, mais aussi de nombreux textes inédits. De fait, cet ouvrage de 578 pages propose, à travers une cinquantaine d’articles, une histoire et une géographie de l’essai entre philosophie, littérature, cinéma et art contemporain. Autrement dit, la généalogie d’une forme à nulle autre pareille et un état des lieux de l’essai contemporain — cette « forme qui pense » selon Jean-Luc Godard !Jeux sérieux : cinéma et art contemporain transforment l’essai
Sous la direction de : Bertrand Bacqué, Cyril Neyrat, Clara Schulmann et Véronique Terrier Herman
Une publication HEAD – Genève / Mamco
17 x 24 cm (broché)
578 pages (ill. n&b)
ISBN : 978-2-940510-12-2 (HEAD – Genève)
Prix : 28 CHF
Genève, 2015
18h30 :
Hans Richter, Inflation (Allemagne, 1927-28, 3’)
Dès les années vingt, le peintre et sculpteur Hans Richter (1888-1976) s’intéresse au cinéma et plus particulièrement à l’essai. Ses préoccupations sont aussi bien formelles que politiques. Dans Inflation, il dénonce à l’aide de saynetes burlesques et d’un montage frénétique les ravages de la spéculation.Jean Vigo, A propos de Nice (France, 1930, 23’)
Jean Vigo (1905-1934), poéte foudroyé du cinéma, est le réalisateur de quatre films qui sont autant de chef-d’œuvres, dont le lyrique Atalante (1934). Réalisé avec Boris Kaufman, le frère de Dziga Vertov, A propos de Nice est un pamphlet d’une rare virulence dans le sillage de L’homme à la caméra.Georges Franju, Le Sang des bêtes (France, 1949, 22’)
Un documentaire sur les abattoirs situés en périphérie de Paris se transforme en essai sur le meurtre de masse dans l’Occident moderne. Les puissances de l’ironie et de la métaphore au service d’une méditation des plus actuelles sur la complicité de l’horreur et de la beauté.Artavazd Pelechian, Les saisons (URSS, 1972, 30’)
Des prises de vues qui épousent les gestes des hommes au cœur des puissances de la nature et un montage qui en décuple la charge poétique, ce chant incantatoire décline le cycle de la vie en une métaphore de dimension universelle. Le spectacle époustouflant des liens unissant l’homme, l’animal et la nature.Arnaud des Pallières, Le Narrateur (France, 2005, 10’)
Désormais réalisateur reconnu de fictions (Michael Kohlhaas, 2013), Arnaud des Pallières a réalisé de nombreux essais dont le fameux Disneyland, mon vieux pays natal (2002). Avec Le Narrateur, il rend un vibrant hommage au cinéma de Jean Rouch en s’appuyant sur un très beau texte de Walter Benjamin.21h00 :
Hito Steyerl, November (Allemagne, 2004, 25’)
A partir de l’histoire d’Andrea, son amie d’enfance devenue martyre de la cause révolutionnaire kurde, Hito Steyerl entrelace fiction et archives, l’intime et le politique en un émouvant essai sur l’usage idéologique des images dans la mondialisation médiatique.Jean-Luc Godard, Allemagne Année 90 Neuf Zéro (France, 1991, 62’)
Un an après la chute du Mur de Berlin, un ancien espion américain arpente l’ex-RDA à la recherche d’un Occident introuvable. Son errance devient collecte des traces et vestiges de l’histoire allemande et du destin de l’Europe. De Goethe à Kafka, de Dora à Don Quichotte, des « jeunes filles sans uniforme » aux bouchers nazis, toutes sortes de fantômes viennent à sa rencontre. Par un vertigineux montage d’images (extraits de films, archives documentaires, peinture), textes et musiques, Godard compose une médiation mélancolique sur l’histoire comme catastrophe. Mais un héritage est à sauver des décombres : dans ce sommet méconnu de l’œuvre de JLG, la forme-essai ressuscite et réalise les promesses, trahies mais survivantes, du romantisme allemand.