Robinsoneries – journal des bords : Anaïs Bouvet

jeudi 16 avril 2020

Aujourd’hui un jour comme un autre dans cette période de confinement, j’allume la télé et tombe sur une émission de PublicSénat « Objectif Mars : Thomas Pesquet. »

Thomas Pesquet est un astronaute français qui en 2016 est parti vivre pendant 6 mois sur l’ISS (International Space Station).

Mars

Pour aller sur l’ISS les astronautes sont attachés sur la fusée Soyouz « c’est comme s’attacher à un missile balistique avec 20 millions de chevaux et 10 tonnes de carburant qui vibre juste en dessous. »

Ce documentaire parle de comment les hommes préparent ce voyage et les problèmes qu’ils doivent résoudre pour s’y rendre :

L’un des principaux problèmes est celui de la physiologie de l’homme dans l’espace car la pesanteur est un environment hostile. Ils contrebalancent ce phénomène par une activité sportive régulière sur la station de l’ISS environ 2h/jour. Le problème de ce changement de pression est qu’il engendre une stagnation des fluides de l’organisme dans la partie haute du corps humain engendrant une hypertension dommageable pour les organes. Une durée prolongée dans l’espace engendre également un vieillissement vasculaire important, correspondant à un vieillissement naturel de 30 ans sur Terre en seulement 6 mois sur la station.

L’autre problème majeur de ce voyage vers Mars qui est pour l’instant estimé à une durée de 3 ans, est le stockage nécessaire de l’alimentation qui prendrait bien trop de place pour un voyage de cette durée. Dans le cycle de vie normal de la station tout est rythmé autour des véhicules qui arrivent et repartent de Terre, située à seulement 500 km. Ces véhicules permettent d’amener l’oxygène/la nourriture mais également d’évacuer les déchets de la station. Tous les déchets sont entassés dans des rectangles blancs aseptisés.

L’organisation de l’ISS est aussi axée sur le recyclage qui permet de tendre vers une autonomie vitale, par exemple l’eau potable est recyclée à partir de l’urine des astronautes.

Ces allers-retours faits par les véhicules ne correspondent pas à la réalité que serait une mission sur Mars. La solution d’une mission à long terme pour alimenter en eau/oxygène/nourriture les réserves pour 3 ans serait de reconstituer les réserves au fur et à mesure grâce à un écosystème autonome, c’est justement le projet de l’agence spatiale européenne Mélissa. L’objectif du projet Mélissa est de réduire au maximum la masse de stockage nécessaire. Le meilleur moyen d’y arriver est de créer une économie circulaire. On part des déchets pour les retransformer : le but est de recréer les processus complexes d’un écosystème où les déchets organiques sont transformés en gaz indispensable à la vie.

Ce dont les scientifiques se sont rendu compte c’est que si les hommes veulent survirent dans le milieu hostile qu’est l’espace, il doit reproduire les écosystèmes terrestres.

Aujourd’hui quand nous parlons du recyclage au 21ème siècle c’est avec une vision très primitive. Observer la biosphère reste la meilleure façon pour la reproduire, mais aussi pour apprendre à la respecter et garantir notre propre survie.

Une mission longue durée est un monde en soi, recroquevillé sur lui-même. « La station c’est notre monde, c’est ce qui nous occupe l’esprit toute la journée, et au bout du compte il n’y a plus que ça qui existe. » Je ne peux m’empêcher de faire le lien avec la situation actuelle du Covid-19. Que se passera-t-il si cette situation « historique » s’avérait être un avant-goût de notre vie sur Terre après avoir détruit la biosphère.

Ce qui me marque dans ce reportage c’est la conscience que développent les astronautes après leur voyage en orbite autour de la Terre. J’ai toujours pensé que les voyages dans l’espace étaient nés d’une envie d’ailleurs, mais plus le fil du documentaire avance plus je découvre les effets de tels voyages sur les équipages. Il a toujours été question de la Terre, de la Terre uniquement, il ne s’agit que de ça. La Terre est la seule planète avec un environnement favorable pour l’homme. À travers ce projet d’un voyage vers Mars les Hommes veulent comprendre l’origine de la vie sur Terre.

Mais pour une mission de 900 jours loin de la terre, la plus grande inconnue aujourd’hui reste l’aspect psychologique d’une telle mission.

« Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire de l’homme de perdre de vue la Terre. »

Comment l’astronaute réagira-t-il quand la Terre ne sera même plus un point noir dans l’espace…

Nous voyageons déjà sur un vaisseau spatial très complexe qu’est la Terre.