Éric Baudelaire invité du cycle de conférences de la HEAD « Le commerce des images »

Une initiative de la filière Arts Visuels et du Département Cinéma/cinéma du réel.

Mercredi 2 Décembre 2015 – 18h30

Dispositifs, collaborations et conflits
L’idée de dispositif est une part importante du travail d’Éric Baudelaire.Ses sujets soulèvent des pans peux connus et inhabituels dans la trame de l’histoire contemporaine afin d’interroger, selon de nouvelles perspectives, la nature de nos propres constructions politiques. Lettre à Max raconte l’histoire de l’état non reconnu d’Abkhazie et questionne plus largement l’état-nation et les conséquences du séparatisme. L’Anabase évoque l’engagement de l’Armée rouge japonaise, un mouvement d’extrême gauche, dans le conflit palestinien et ses connexions avec le cinéma japonais d’avant garde, en explorant les zones situées à la confluence de l’art et du militantisme.

Mais, chez Baudelaire, dans la pratique du film et de l’exposition, la relation du sujet à l’auteur n’est jamais directe : il y a comme une transaction qui devient elle-même partie intégrante du récit et de l’œuvre. Ces transactions sont reformulées dans des dispositifs qui définissent sa pratique : correspondances structurées ou contrats négociés entre l’artiste et ses protagonistes, une sorte de mutation poétique du champ des sciences sociales, d’où Baudelaire est issu, ce qui permet à l’artiste de structurer et de problématiser les enjeux politiques que chacun de ses travaux met à jour. Les dispositifs sont parfois basés sur des collaborations volontairement conflictuelles, développées dans plusieurs projets avec le cinéaste japonais et ancien terroriste Masao Adachi, selon l’idée que la créativité, tout comme le progrès politique, est mieux servie lorsqu’elle naît d’une lutte.

INTRODUCTION: Frank Westermeyer

Eric Baudelaire est artiste et cinéaste. Ses longs métrages Lettres à Max (2014), The Ugly One (2013), et L’Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi, et 27 années sans images (2011) ont été sélectionnés au FID Marseille, aux festivals de Locarno, Toronto, New York et Rotterdam. Sa pratique artistique, ancrée dans un travail de recherche, comprend également des photographies, des estampes, des performances et des publications qu’il incorpore à des installations autour de ses films, notamment dans des expositions personnelles au Fridericianum à Kassel, au Berkeley Art Museum, à la Kadist Art Foundation de San Francisco, à Bétonsalon à Paris, à la Kunsthall Bergen, au Beirut Art Center, à Gasworks à Londres, à La Synagogue de Delme et au Hammer Museum de Los Angeles. Il a participé à la biennale de Sharjah, à la Seoul Mediacity Biennial, à la Triennale de Yokohama, à la Biennale de Taipei, au Berlin Documentary Forum 2, à La Triennale de Paris, et à la Baltic Triennial. Ses films et installations figurent dans les collections du Reina Sofia de Madrid, du MACBA de Barcelone, du Centre Pompidou à Paris, du MoMA et du Whitney Museum of American Art de New York.