Qui a construit Thèbes aux sept portes ?

lundi 21 septembre 2020

Qui a construit Thèbes aux sept portes ?

Contexte / Contenu

Ce workshop souhaite s’inscrire dans un intérêt récent du champ artistique pour les pratiques mémorielles. En 1990, l’artiste et enseignant Jochen Gerz a entrepris de réaliser clandestinement, avec ses étudiant·e·s et en collaboration avec des associations locales issues de la communauté juive, un monument contre la xénophobie. Geste qui consista à desceller les pavés situés devant le château de Sarrebruck (ancien quartier général de la Gestapo) et à inscrire sur chacun de ses pavés le nom d’un cimetière juif et le nombre de corps qu’il contient. Il replaça ensuite les pavés à leur place avec l’inscription face contre terre, de sorte que le monument demeure invisible à l’oeil nu. Ce geste fondateur marque l’importance des initiatives artistiques dans les constructions mémorielles, en mettant en place un mode de représentation peu commun et qui rend hommage à une communauté considérée comme marginale dans la société allemande. Ce monument invisible continue d’exister seulement à travers la parole et la mémoire des gens, et appelle une réflexion sur la formation de la mémoire collective. En faisant dialoguer les approches des sciences sociales et le langage de l’art, ce travail montre l’importance des initiatives artistiques au sein des pratiques mémorielles et la manière dont elles contribuent aux débats de société sur la représentation du passé, sur l’identité collective et sur les processus de réconciliation.
On peut poser le précepte pratique suivant : face aux édifices pour la mémoire habituellement érigée par les états, il nous semble nécessaire de mettre en pratique d’autres formes de processus mémorielles fabriquées dans l’urgence, la précarité, l’énergie et la collaboration.