Vallée de la Chimie

Du 17 au 28 février 2020

Workshop d’étudiant.es de la HEAD – Genève à Saint-Fons (France) du 17 au 28 février 2020.
Dans le cadre du cycle de recherche de la HEAD – Genève portant sur les toxicités.

Anciennement Couloir de la Chimie, au sud de Lyon, né en 1853 avec la production d’acide sulfurique, développé à partir de 1857 avec celle de la fuchsine, de l’aniline, de la vanilline, de l’aspirine, puis le raffinage du pétrole, aujourd’hui les PVC et matériaux avancés composites et céramiques, le site de ce workshop inspiré par la question des toxicités est également celui d’enjeux économiques, environnementaux, sociaux, politiques, liés à des choix d’avenir, sur lequel douze étudiant.es de la Haute école d’art et de design de Genève ont été invité.es à travailler.

Un contexte territorial dense, un temps de workshop restreint à deux semaines, des outils empiriques limités, des enjeux industriels qui nous dépassent, un point de vue forcément exogène, tout cela a conduit les étudiant.es à imaginer une approche de type anthropologique faite d’observation, de description dense et de recoupement des paroles récoltées.

La première semaine fut rythmée de rencontres, d’imprégnation, de digestion, de réflexion, avec des rendez-vous sur le terrain, de la Mission Vallée de la Chimie, d’une champignonnière, du groupe Solvay spécialiste de la chimie organique, et notamment leader sur le marché de la vanilline, du groupe KEM ONE spécialiste des matériaux composites polymères et céramiques, et notamment du PVC, du directeur du développement urbain et des enjeux économiques de territoire de la Ville de Saint-Fons, d’une traversée de la ville à pied accompagné.es des d’étudiant.es de Niek Van de Steeg, d’une méditation géologique avec la paysagiste Violette Tournilhac ; mais fut aussi un temps de recoupement d’informations contradictoires, de mise en doute des discours prometteurs, des matériaux systématiquement bio-sourcés et des intentions a priori altruistes.

La seconde semaine faite de production, de restitution, d’exposition, permit une expérience du lieu, du manque de flexibilité des bons de commande, de la rudesse des matériaux amassés, de la nécessaire confrontation à un projet collectif ; avec des questions sur les positions artistiques « légitimes », « pertinentes » ou « naïves » dans un tissu socio-économique anxiogène, sur les frontières des invisibilités qui nous gouvernent, sur la violence lente¹ accumulée à la périphérie de nos villes et de nos consciences.

C’est précisément dans ce contexte dense et complexe que nous avons vérifié la force, la résistance et la pénétration des approches de chacun.e. L’exposition Cité Radiante au CAP – Centre d’arts plastiques de Saint-Fons a été une étape publique de ce workshop qui, pourtant, ne s’est pas arrêté à la seule production des pièces montrées mais a fait émerger et entrevoir des chemins artistiques impromptus en milieu inhospitalier. Et c’est bien dans des contextes délaissés, abandonnés aux intérêts des grands groupes industriels, éloignés des regards publics, que les pratiques à venir ont toute leur place, leur légitimité (s’il fallait s’en convaincre) et leur pertinence.

Avec la participation des étudiant.es de la HEAD – Genève, Antoine Félix Bürcher, Rafael Cunha Da Silva, Alix Debraine, Alexander Fritz (Construction), Mathias Bregnard, Max Klunge (Représentation), Alex Sobral (Information/Fiction), Etienne Kurzaj, Tommy Poiré (Espace et Communication), Margot Briand, Olivia Philibert, Agnès Vadi (Design Mode), accompagné.es par Delphine Reist, artiste enseignante à la HEAD – Genève, et Nicolas Audureau, curateur et directeur du CAP – Centre d’arts plastiques de Saint-Fons.

1   Rob NIXON, Slow Violence, Environmentalism of the Poor, Cambridge: Harvard University Press, 2013